"Oups, problème, problème..." murmura Demy pour lui-même quand le bison se mit à renfiler, alors qu'il n'était qu'à quelques mètres de lui.

Le loup à crinière à demi fou se baladait tranquillement, quand il avait vu le troupeau de bisons. Curieux, il avait voulu voire ces animaux qu'il pensait paisible d'un peu plus près.
Il s'était donc approché, d'une démarche assez discrète pour un spectateur. Mais ce n'était pas le son qu'il faisait, mais son odeur qui l'avait trahie.
Le bison, ou plutôt, la bisonne, selon le bébé qui trottait à ses côtés, était en effet assez jeune, elle ne savait pas qu'un loup seul n'était pas un danger pour son petit; Très rapidement, son effroi se propagea dans le troupeau.
Quand il vit ça, le loup haut sur patte, baissa les oreilles, les poils hérissés et la queue entre les jambes.
"C'est pas bon, pas bon du tout... Gros gros problème..."
Les bisons levèrent la tête, essayant de repérer le danger. La jeune femelle, rassurée de voire que le troupeau prenait le danger pour son petit en considération, décida soudain de charger le pauvre loup solitaire. Les autres bisons la suivirent immédiatement, sans que le puissant mâle qui dirigeait la troupe ne puisse les arrêter.

Le loup n'avait plus qu'une chose à faire: courir. Et il le fit admirablement bien.
Demy courut longtemps, très longtemps, mais les bisons ne se fatiguaient cependant pas. Chacun entretenait la peur de l'autre, la femelle et son petit en tête.
Le loup ne savait apparemment pas où il allait, sinon, il ne se serait certainement pas risqué à aller sur le territoire du Crépuscule. Mais le pauvre loup à moitié fou était malheureusement grisé par sa course. il semblait qu'il avait presque l'impression d'être le chef de la meute Bison, qui détruisait tout sur son passage. Aussi, peut-être étais-ce volontairement qu'il allait vers le territoire de la meute crépuscule ?
En tout cas, le fait est que Demy courrait en direction du Lac aux illusions, un grand sourire aux lèvres, et une horde de bisons à ses trousses. Pris d'une inspiration subite, il se jeta d'un coup dans le lac, tandis que les bisons continuèrent de courir tout droit, droit vers Longuy...

Demy ne regarda pas derrière lui, mais il entendit des éclaboussures. L'autre loup devait l'avoir rejoint. Mais bientôt, le tonnerre de sabots qui lui courrait après devint un tonnerre d'éclaboussures. Le loup à crinière allongea le cou, nageant toujours plus vite, jusqu'à débouler sur l'autre rive du lac, où il s'ébroua d'un air réjoui. L'autre loup le rejoint bientôt, et Demy lui fit un grand sourire.
Le loup semblait insensible aux paroles agressives, d'ailleurs, il les ignora complètement. ou bien peut-être qu'il ne les avait pas entendues dans le vacarme des éclaboussures ?
Quoiqu'il en soit, Demy avait l'air content de rencontrer un autre canidé, malgré son air mécontent.

"C'était marrant, non ? On recommence ?" lâcha Demy, le sourire aux babines, s'élargissant jusqu'aux oreilles.

Mais le sourire de Demy s'abaissa légèrement aux paroles rudes de l'autre loup, avant de revenir très largement sur ses babines quand il sut qu'il était sur les Terres du Crépuscule. Il ne semblait pas faire grand cas de l'invitation à se battre, comme s'il sélectionnait les paroles qu'il voulait entendre.

"Ainsi, c'est ça, les terres du Crépuscule? "

Demy fit un tour complet sur lui-même, regardant le paysage les yeux écarquillés.

"Bah dis donc, c'est pas mal du tout, chez toi ! Tu me fais visiter ?"

demanda-t-il, en élargissant encore son sourire, si c'était possible. Sa bonne humeur et sa joie étaient tellement grandes qu'elles en étaient presque contagieuse

" Tu te fous de moi, c'est ça ? T'es sourd ou quoi ? Tu es sur le territoire de Crépuscules !
-Non, c'est Demy le fou ici, pas toi. Et non, Demy n'est pas sourd ,il a bien compris que ce magnifique territoire était celui du Crépuscule. Et Demy doit t'avouer que c'est la première fois qu'il viens, et Demy devrais venir plus souvent, parce que c'est vraiment beau ici !"

Il hocha la tête pour lui-même. Puis eut quelques instants d'égarements où il ne fit rien, attendant, la langue pendante.
Le loup à crinière se gratta l'intérieur d'une oreille, comme pour prouver qu'il n'était pas sourd, et examina ce qui se collait à présent à ses griffes, avant de l'avaler d'un seul coup.

" Je suis Longuy, le garde du corps de l'alpha de Crépuscule. Je n'hésiterai pas à te tuer, mais je te donne une chance de t'enfuir, vas-t'en ; tu ne fait pas le poids face à moi !
-Demy est très content de te connaître, Longuy." répondit-il en agitant la queue comme un chien. "Tu as remarqué, nos prénoms ils finissent pareils !" dit-il d'un air plus heureux que jamais. Puis, il pencha la tête, intrigué.
"Mais dis, vous avez de drôles de façons de vous saluer. Mais c'est Demy l'invité ici, alors Demy va se plier à vos règles."

Le loup à crinière se mit alors à grogner faiblement en hérissant son échine, tout en disant d'un ton faussement méchant, en une-presque caricature de l'attitude de Longuy:

"Je n'hésiterai pas à te tuer, mais je te donne une chance de t'enfuir, vas-t'en !"

Puis il s'interrompit, semblant réfléchir.
"Mais que viens faire mon poids dans cette affaire ? Demy est trop gros, dis ?" demanda-t-il anxieusement en se touchant le ventre.

" Tu as un sacré culot. T'introduire ainsi dans notre territoire et essayer de me tuer avec des bisons débiles...
- Ah bon, c'est vrai ? Merci beaucoup, ça me touche, mais Demy ne sais pas ce que c'est, un culot. Par contre, Demy n'a pas essayé de te tuer, pourquoi il essayerait de tuer un ami ? Ce n'est pas logique ! Et Demy ne voit pas trop ce que les bisons viennent faire dans cette affaire. Tout ça commence à donner mal à la tête de Demy.
Et puis, Demy a faim. Si on allait voir si un des bisons ne s'est pas tué durant leur course débile." termina-t-il en accentuant le dernier mot avec les mêmes intonations que Longuy.

Puis le loup à crinière se dirigea gaiement vers les bisons, ne se rendant absolument pas compte du danger qu'il encourrait.

Longuy écouta avec agacement les paroles de ce dénommé "Demy" du moment où il lui répondait jusqu'au moment ou il parla de manger en passant par sa stupide imitation du garde du corps. Il ne comprenait pas vraiment les dires du loup à la crinière. Mais finalement, il n'en retiens qu'une seule chose ;


" Ouais, soupira-t-il d'un ton sec. En faite t'es complètement débile."

D'où est-ce qu'il sort ce "comique" ? fit-il en son for intérieur, totalement exaspéré.
Demy commença une marche en direction des bisons ou plus précisément du chemin que les bisons avait emprunter pour venir jusqu'ici, en poursuivant l'intrus abruti. Longuy le fixait, avec colère.
Hmm, je sais, il fait semblant ; ce n'est pas possible d'être comme cela, songea-t-il, prêt à passer à l'attaque.
Et puis ... Pour qui se prenait-il ? Il venait d'annoncer qu'il allait manger un bisons qui appartenait techniquement au Crépuscule, vu qu'il était sur ses terres, sans oublier qu'il se prenait pour un invité et non un intrus. Les sourcils froncés, Longuy marcha derrière lui jusqu'à le rattraper et le dépasser. Il se plaça devant lui, les babines biens retroussées, les poils hérissés montrant bien l'agressivité. Il espérait que ce "Demy" allait comprendre l'importance de la situation, et surtout, dans quel merde il s'était foutu. Voilà, Longuy était en position de combat, tous ses sens étaient en alerte, si son ennemi faisait encore un pas de plus, il se jetterait sur lui. Mais avant le combat, une dernière phrase s'imposait pour lui faire comprendre la situation. Il le désigna du bout des oreilles.


" Ne joue pas à ça avec moi, l'averti-t-il en grognant, l'air le plus agressif possible. Ca suffit maintenant, comporte toi en loup ! Si tu fais encore un pas, je te tuerai. "

Longuy n'allait surtout pas se faire ridiculiser comme ça. Pire encore, si quelqu'un arriverai, sa réputation prendrait un grand coup !

[HS : xD Il m'a tué Demy.]

" Ouais. En faite t'es complètement débile."

Demy s'arrêta dans son trot vers les bisons, et se retourna vers Longuy, un sourire aux lèvres. Il hocha la tête, encore une fois,comme s'il voulait confirmer les paroles du beau loup cendre et sable, avant de reprendre son chemin vers le troupeau de bison.
A 500 mètres, il fut obligé de s'arrêter, car Longuy l'empêchait d'avancer. Face à sa position d'attaque, Demy crut sans doute que l'autre voulait jouer, car il se plaça aussitôt en position de combat, ou plutôt, comme un simulacre de combat, car ses poils n'étaient qu'à demi-dressés, et ses babine à peine retroussée, ou du moins retroussée dans un sourire qui le faisait paraître aussi jeune qu'un louveteau. Encore une fois, sa queue se balançait de gauche à droite, il avait tout à fait l'attitude du louveteau voulant jouer.
Mais les paroles agressives du garde du corps parurent l'interloquer, et firent dressées les oreilles de quelques bisons à proximité.

" Ne joue pas à ça avec moi. Ca suffit maintenant, comporte toi en loup ! Si tu fais encore un pas, je te tuerai.
-Quoi, tu ne veux pas jouer ? Tu ne m'aimes pas, c'est ça ? Tu n'es déjà plus mon ami ? "

Le loup à crinière commença à se rouler dans la poussière en émettant des bruits ressemblants à des sanglots, mais en beaucoup plus fort.

"Pauvre, pauvre Demy ! Personne ne l'aimes ! Personne ne veut jouer avec lui, personne ne veux chasser avec lui ! Tout le monde est méchant avec le pauvre Demy !"

Les lamentations de Demy semblaient ne pas exaspérer que Longuy, une demi-douzaine de bisons commença à souffler en le regardant. L'un d'entre eux alla même jusqu'à frapper le sol d'une patte dans leur direction, et baissa la tête, comme si il s'apprêtait à charger.
Il fallait absolument que Longuy trouve un moyen de faire taire Demy, sinon les deux loups allaient y passer.

-La ferme !
Demy se tut, mais il regarda Longuy méchamment, et s'apprêtait à répliquer vertement, lorsque celui-ci lui prit le museau entre les crocs, comme un loup adulte le ferait à un louveteau pour lui faire comprendre qu'il fallait se taire.
Demy se mit alors à lui tirer la langue, et courut droit sur... les bisons !

"Je vais en manger un sans toi, puisque c'est ça !" lança-t-il par-dessus son épaule.

Le bison agressif, interloqué de voire le loup lui courir tout seul dessus, émit un meuglement étonné. Les autres bisons, voyant Demy leur foncer dessus, resserrèrent les rangs. A l'instant où l'on pensait que Demy allait se fracasser contre les cornes baissées des bisons, celui-là à l'inverse sauta par-dessus la dizaine de bisons qui formaient un rang. Ce bond n'aurait sans doute pas été possible pour un loup ordinaire, mais Demy avait des pattes puissantes et bien plus grndes que la normale, des pattes parfaites pour faire un saut tel que celui-ci. Une fois entré dans les rangs des bisons, ce fut la panique totale pour eux. Certains voulurent charger Demy, d'autres s'enfuirent, et pendant ce temps-là, Demy mordait ce bison, évitait habillement les cornes de cet autre, sautait à la gorge d'un autre encore. Après plusieurs minutes de pagaille où les bisons, se chargeant les uns les autres sans parvenir à toucher le rouquin, ils décidèrent de s'enfuir de cette tempête rousse. L'immense mâle à la tête du groupe poussa un puissant beuglement, et tous le suivirent dans une fuite éperdue et désordonnée. Mais ils laissèrent derrière eux quelques corps. Quelques bisons avaient été blessés durant la pagaille, deux d'entre eux avait été renversés et piétiné par les sabots des autres bisons. L'un d'eux restait sur place, complètement égarés, perdant du sang par la longue entaille que lui avait faite Demy au ventre, et sans doute sonné par les cornes d'un autre bison, car du sang coulait le long de sa lourde tête noire. Demy sauta à la gorge de celui-là et l'acheva. puis, il se releva avec dignité, ou plutôt ce qui devait lui semblait de la dignité, car ses poils étaient couverts de poussière et de sang, et il boitait d'une patte - peut-être n'avait-il pas réussi à éviter toutes les attaques - .
Il regarda Longuy avec une suffisance toute comique chez cet oméga qui avait l'habitude de se promener la queue entre les jambes en permanence, puis il détourna de Longuy, la tête trop haute pour paraître naturelle, en une caricature du loup trop noble pour ne serais-ce poser que quelques instants les yeux sur l'oméga. Puis, en ayant marre sans doute de jouer ce rôle, il se jeta sur un bison, mangeant tout son soûl.

" - Ne te fous pas de moi."

Demy releva la tête, et regarda Longuy droit dans les yeux.

"Demy ne se fous pas de toi, Demy est fou ! Tu devrais l'avoir compris, à présent."

Sa voix était un peu plus grave qu'auparavant, un peu plus sérieuse. Demy se remit à manger goulûment. Il était vraiment sale, et s'en mettait partout. Bientôt, son museau et ses pattes avant durent recouvertes de sang. Cela devait faire bien longtemps qu'il n'avait pas manger à sa faim. Il n'utilisait pas sa patte avant droite, comme si elle ne pouvait plus le soutenir.
Il mangeait à grandes et larges bouchées, engloutissant la nourriture le plus vite possible, comme s'il avait peur qu'on la lui vole. Quand il vit Longuy s'approcher de lui, menaçant, il se mit à grogner à son tour.

"C'est ma proie ! Je l'ai tué moi-même, va en trouver une autre ! Elleà moi ! A moi ! "

La voix de Demy n'avait plus rien de pitoyable ou de suppliante, elle était devenue presque menaçante. Un autre loup semblait avoir remplacé Demy, un loup qui se pensait supérieur à Longuy.

" - Va t'en des terres de Crépuscule ! "

Demy gronda violemment, tous les poils hérissés, et les crocs découverts. Longuy avait beau paraître plus grand, les hautes pattes de Demy lui permettait de surplomber facilement le garde du corps. L'oméga s'était complètement oublié, et le gargouillement du ventre de Longuy le fit revenir à lui. Immédiatement, il s’aplatit sur le sol, en la position classique de l'oméga cherchant à se faire pardonner.

" Pourquoi Demy doit partir ? Demy n'a pas pourtant aidé Longuy ? Demy n'a pas tué pour lui des tas de bisons ? Demy ne les as a pas protégé de leur colère et de leur charge ? "

Il se retourna sur le dos, offrant sa gorge aux crocs de Longuy, et se roulant dans la poussière par la même occasion. Son pelage jadis trempé par l'eau collait à présent à la poussière du sol, et les tâches de sang sur son museau et la majeure partie achevaient de rendre son pelage d'une saleté repoussante. D'un beau roux orangé, il était devenu maronnâtre, répugnant.
Cessant de se rouler au sol, il voulut se redresser, mais fut trahi par sa patte blessé et retomba au sol. Demy foudroya Longuy du regard, comme si c'était sa faute s'il s'était blessé.